[Nulle]
J'aime pas raconter le bonheur. Parce que je veux le sentir en moi, et pour ça, il ne faut pas le partager. J'ai appris ça en philo. Pas à être égoïste du bonheur, mais qu'un sentiment n'est vraiment ressenti qu'à partir du moment où il n'est pas départagé et qu'il reste donc entier. C'est pour ça qu'ici, je broie que du noir. Je ne sais pas si j'ai des instants de bonheur non plus, ou si j'en ai mais que je ne les raconte pas. Je ne sais pas. Et puis j'ai pas trop envie de savoir.
Je me déteste, je me haïs. C'est pas de la dévalorisation ou du manque de confiance. Pouvez-vous comprendre que l'on puisse haïr le caractère, la mentalité, les réactions et actions d'une personne et que cette même personne soit soi-même? Mon "heure petite pute" continue. Elle en a tellement ramassé, cette petite heure. Et c'est pour ça aussi que je me déteste. Je me les énumère, dans ma tête. Pour moi, ça en fait un paquet. C'est tout un paquet oui.
J'ai honte et pourtant j'ai envie d'en parler. Mais j'ai trop de honte. J'ai honte de ça, et de ne pas avoir de remords. Des regrets peut-être, mais aucune trace de remords. J'ai joui. De ma bêtise, de la liberté, du bonheur de flinguer ce qu'on est. Les idéaux qu'on apprend étant petit, les choses qu'on s'est dit que l'on ne transgresserait jamais. Un côté noir, obscur, presqu'inconnu que l'on apprendre à connaître. Puis à amadouer. Alors on aime ça, tout simplement.
Je n'ai jamais été à un autre. Jamais. Qui sait demain ce qui arrivera, mais là, pour maintenant, jamais. J'ai su me tenir. Me dire que c'est déjà un acte de gravité de donner sa bouche et pire, le coeur (quelle parole de mrd, donner son coeur :D ). Je me sens mal d'en parler, sans le dire. L'écrire m'est impossible.
Hier, je me suis refaite trois cassettes VHS de là-bas, en l'an 2000. L'année où on était tous censé mourir n'est-ce pas. En l'an 2000, c'était la première fois que j'avais embrassé un garçon. Garçon qui va se marier d'ailleurs (cf. 29.04.07). Je me rappelle la liberté, il n'y avait pas de peur, il n'y avait rien d'autre. La meilleure cassette, la numéro trois, je ne l'a trouve plus. Elle doit se planquer par là, dans mes propres affaires car je la matais tous les soirs avant de m'endormir, pendant un an. Un an pour oublier deux mois. Combien de temps pour oublier quatre ans..? Cette question fait surface dans n'importe quelle conversation.
C'est bien pour ça que j'ai honte, c'est pour ça que j'ai mal. J'aurai pu le faire, tout ce que je fais. En cachette bien sûr. La vie rock'n'roll & salope pendant qu'on y est. Mais ce n'était pas possible. A 17 ans, j'avais ces ptn d'idéaux et de principes et je l'ai rencontré. Et on s'est aimé, selon le principe. Alors j'étais en train de bouillir en dedans. C'était encore imperceptible. J'étais le sucre. Je m'émancipais, un peu plus chaque jour. Une émancipation de moi-même. Témoin, il était bien là. Les coups de crasse, tu me cherches des noises, je t'emmerde. On s'est gâché, comme dans toutes les histoires où l'on s'aime trop. On fait semblant. Lui plus que moi. Il est très fort à ça mais je le deviens aussi. Des belles paroles, que c'est joli, mais va-t-en conard. Si seulement tu pouvais t'en aller. Laisse-moi. Je n'aurai pas la force de. Lui non plus d'ailleurs. Je veux le taire ce mot car c'était plus qu'inimaginable. Pas nous quoi, les autres ouais, mais pas nous non. Comment on fait pour partir sans être triste et trouver la vie plus que normale? Ne plus se rappeller, les lieux, les noms, les chansons. Les pubs, les trains, les parfums. Les cadeaux, les mensonges, les photos. Les silences, le téléphone, les créneaux horaires. Les lieux secrets, les choses marrantes, les copains et copines qui s'invitaient à nos fiançailles. Les dates, les quatre ans, les cinq ans, tous les douze des mois. Les partiels, les permis, les j'en-ai-marre-j'encaisse-plus-rien-je-t'en-supplie-aide-moi. Les corps à corps, les têtes à têtes, les coups de têtes aussi. Je ne sais pas. Je crois qu'on ne peut pas faire l'impasse, c'est le prix de la liberté, du grand foutoir que je veux que ça devienne dans ma vie.
T. (ma best) & moi on en discute. T. et moi c'est une grande histoire. Très très grande. On se verra en octobre, au Bert's de Châtelet, en sirotant un chocolat viennois. Ça aurait été bien à Mogador parce que ça coûte vingt centimes de moins. Eviter la présence d'un beau ténébreux, dans l'habit de responsable, qui me zieutait n'y est pour rien.
Je l'ai commencé depuis Bebel Oued ce post et je ne veux pas le finir. Qu'y a-t-il à (se) dire encore? Qu'on se donne une chance et que je changerai pas en fait. Je ne veux pas penser que finalement on se laissera, et par je ne sais quel miracle l'initiative sera de moi. Ni penser que je pourrai pas mais que je "putinerai" pour me le substituer. Et que lorsque ma conscience s'éveillera à nouveau en moi; encore moins imaginer qu'il me dira 'non', que c'est trop tard, que je devrai attendre si vraiment je veux revenir. Je crois que c'est tout. Je crois.
Cette image m'a toujours impressionnée.
|"Everything I Am" - Kanye West|